Désolation, la croisée des chemins
À l’heure ou flamboie la plaine, Sabera surmonte des générations de préjugés pour discuter avec Teeka. Elle apprend qu’elle est la dernière jeune femme d’un clan dont l’ancêtre Isig avait, durant l’Âge d’Or [avant le temps, avant la guerre des dieux], épousé la nymphe d’une source, sur les contreforts des collines d’Eiritha et dont les eaux coulaient vers Zola Fel. L’eau avait un pouvoir de fertilité et régénérateur, et feu le chaman Viel-Homme-Arbre savait l’enchanter pour en faire un breuvage guérissant. Teeka est la seule femme à pouvoir perpétuer la lignée d’isig. Sabera s’est endormie n’entend pas Teeka susurrer « et Minsc le seul homme ». Et quand Xentha la nuit a enfin étendu son voile sur Glorantha, Teeka retourne dormir.
À l’heure où blanchit la plaine, Csempe marche parmi les huttes. Il est étonné de l’habileté de ces gens à fabriquer des abris sans presque d’outils, en nouant et emboîtant des végétaux. Il entend rire doucement derrière lui : les jeunes d’un groupe équipé de paniers sourient des mots maladroitement prononcés par Csempe et les lui répètent doucement avec le bon accent, en désignant les objets un à un. Le groupe s’éloigne en silence et sort de l’oasis vers l’ouest, en direction de hauts rochers où les oiseaux ont commencé leur caquetage. Là , les Oasiens commencent un chant doux et une danse calme. Puis certains escaladent les rochers avec beaucoup d’agilité, pendant que les autres continuent leurs psalmodies. Les oiseaux s’éloignent un peu mais n’attaquent pas les Oasiens qui viennent prélever quelques Âœufs. Après avoir remercié les volatiles, ils redescendent les Âœufs avec mille précautions pour ne pas renverser leurs paniers. Certains restés en haut désignent une direction. Csempe y distingue quelques ombres. On dirait de loin des Dragonewts sur leurs demi-oiseaux, mais le soleil l’éblouit. Les Oasiens ne semblent pas inquiets.